Tous ceux qui vivent et travaillent dans les pays du Nord connaissent bien les images de ces femmes à l’élégance incroyable et aux vêtements sophistiqués qui portent l’eau sur leur tête, dans des seaux, des calebasses ou des bols. Elles parcourent le désert ou cheminent sur des sentiers de montagne, parfois accompagnées de leurs jeunes filles, qui portent elles aussi un récipient d’eau un peu plus petit. Ces images servent parfois à nous « vendre » la nécessité d’un meilleur accès à l’eau et à nous pousser à donner à une organisation caritative qui, grâce à l’eau, leur promet une meilleure santé et un meilleur avenir. Bien qu’elles montrent toute la difficulté d’un mode de vie différent, elles ne peuvent toutefois pas pleinement présenter la réalité de la vie, les effets du transport de 20 litres d’eau chaque jour sur de longues distances. En outre, selon un nouveau rapport, le fait de porter de l’eau est dommageable pour tous les aspects de la vie de ces femmes.
Les recherches montrent clairement le coût payé par les femmes sur leur santé pour la collecte de l’eau en dehors du domicile. Ce n’est en rien nouveau, les données probantes existent sur de nombreux aspects de la vie des femmes, mais ces recherches soulignent également les dommages physiques. Elles expliquent que la collecte de l’eau non seulement prend du temps aux femmes et aux filles, les empêchant d’aller à l’école ou nuisant à leurs perspectives d’emploi, mais qu’elle entraîne également des dommages sur la colonne vertébrale et le cou, qui provoquent des douleurs chroniques. C’est particulièrement dangereux pour les filles, car leur corps est encore en plein développement. Le Programme commun OMS/UNICEF de surveillance de l’eau et de l’assainissement nous livre ces informations fondamentales depuis longtemps : le fardeau du transport de l’eau est la responsabilité des femmes. Ces recherches donnent d’autres éléments sur les dommages que cela entraîne, ce qui nous rappelle l’importance de placer la santé et la vie des femmes au cœur de tous les efforts liés aux services d’eau et d’assainissement.
Cette année, dans le cadre de la promotion des objectifs de développement durable, les Nations Unies mettent l’accent sur le fait de ne laisser personne de côté. Nous souhaitons aller plus loin et souligner les violations des droits de l’homme qui surviennent chaque jour en raison du manque d’accès à l’eau et à l’assainissement. L’absence de ces services est principalement une question de genre, qui nécessite une solution fondée sur le genre. Il ne s’agit pas seulement d’amélioration de la santé, mais de développement économique et social pour aider les femmes à aller au travail ou diriger une entreprise et pour scolariser les filles. Les femmes font le nécessaire pour avoir accès à l’eau, mais elles doivent souvent mener ce combat seules. Il est fondamental d’entendre leur voix pour avoir la possibilité de trouver des solutions qui répondent à leurs besoins. Les femmes atteintes de handicap, qui vivent dans des régions reculées ou qui appartiennent aux classes sociales les plus défavorisées auront besoin d’encore plus de soutien pour être entendues et bénéficier de solutions qui leur conviennent.
L’un des principaux objectifs d’Assainissement et eau pour tous consiste à promouvoir les dialogues et les forums multipartites, non seulement avec les ministères responsables de l’eau et de l’assainissement, mais aussi avec ceux qui s’occupent de la santé, du développement économique ou des finances, ainsi qu’avec la société civile et le secteur privé. Pour permettre au secteur de véritablement progresser, nous devons être prêts à prendre le temps d’écouter et de valoriser ce qu’ont à dire des personnes qui n’avaient plus voix au chapitre. Nous devons intensifier nos efforts pour écouter les voix des femmes qui transportent l’eau et en tirer des actions. Nous devons repenser les allocations ou les priorités budgétaires et mettre en avant le coût pour la société lié au fait de laisser des femmes et des filles infliger tant de dommages à leur corps pour un service aussi fondamental.
L’accès à des services d’approvisionnement en eau et d’assainissement est un droit fondamental. Les ODD mettent l’accent sur l’égalité pour les femmes et les filles. Nous avons le devoir d’engager la responsabilité des gouvernements et d’autres acteurs du développement afin qu’ils veillent à les atteindre.